La formation d’éco-coopérants: mise en place d’une coopération de métiers entre la Belgique et le Burkina Faso, formation conjointe à l’éco-conseil dans le cadre d’un développement durable territorial et citoyen.
Voilà plusieurs mois maintenant que l’Institut Eco-conseil s’est lancé dans cette expérience pilote et inédite de formation croisée: 8 agents communaux de Bobo Dioulasso – stagiaires « éco-conseillers » – qui se forment en binôme avec 8 stagiaires belges « éco-coopérants » . Cette coopération de métiers vise la co-production de savoirs et le développement de compétences interculturelles et un livrable très concret à la fin de la formation : 8 projets environnementaux validés avec les autorités communales de Bobo Dioulasso !
L’interculturalité nous permet de mettre nos idées ensemble et de les adapter à notre réalité. Les idées sont à la porte et c’est un étranger qui les fait rentrer »
Cette expérience de formation perlée a débuté concrètement en mai 2019 ; 8 éco-conseillers ont été sélectionnées pour former des binômes avec 8 futurs éco-conseillers africains afin d’intégrer l’interculturalité au métier d’éco-conseiller. Perlée, car 6 semaines de formation en Belgique combinées à 2 fois 15 jours de formation à Bobo-Dioulasso (capitale économique et deuxième ville en terme de population après Ouagadougou).
En octobre 2019, Aurélie-Anne, Jacqueline, Marie-Christine, Mayliss, Valérie, Claude, Julien et Arnaud ont donc pris la direction de l’Afrique de l’ouest – encadrés par Valérie, Jean-Baptiste et Marie-Céline de l’Institut Eco-Conseil – afin d’appréhender et d’interpréter ensemble les réalités de terrain. L’interculturalité est déjà bien présente dans l’équipe « belge », avec un belgo-burkinabé, une belgo-burundaise et deux belgo français.
Les 8 éco-coopérants – Evelyne, Alain, Ben Idris, Casimir, Éric, Jonas, Madi, Issouf, guidés par Moussa et Hamidou – sont tous issus de la commune de Bobo-Dioulasso. Ils apportent chacun une thématique en rapport avec leur travail au quotidien. Leur diversité est aussi multiple : plusieurs ethnies, plusieurs langues, plusieurs religions. Chaque nom portant d’ailleurs une histoire, un conte.
Au cœur de la mission
Deux semaines de formation, avec au programme: analyses systémiques des problématiques et des contextes burkinabé pour les éco-coopérant.e.s et approche de l’éco-conseil pour les candidat.e.s burkinabé. Le tout sur une base solide de bienveillance et de travail sur les relations humaines.
L’objectif était d’établir la logique d’intervention pour chacun des 8 projets (qui fait partie du cycle de projet – formulation, identification, formulation, mise en œuvre et évaluation). Pour y parvenir, des outils concrets, un processus de construction et des réflexions collectives ont été proposés aux stagiaires.
Ce module leur a également permis de repérer les enjeux du développement durable dans ce contexte bobolais, de comprendre les défis à surmonter (sociaux, économiques et environnementaux) et d’identifier les stratégies d’action des différents acteurs locaux.
Enfin, la rencontre avec une équipe ‘projet’ (le projet Tuuma) a également permis aux stagiaires de mesurer les logiques et les stratégies déployées pour atteindre des objectifs de mobilisation et de résultats dans un laps de temps réduit. Dans cet esprit, ils ont également organisé des focus group avec les parties prenantes, valider leurs données, appris à appréhender les risques, à rechercher des solutions de façon participative et à évaluer leur opérationnalisation. Une très belle expérience de travail conjoint, mettant aussi à l’honneur les valeurs humaines et de solidarité.
Zoom sur les 8 projets par binôme
- Aurélie-Anne et Issouf approfondissent la question de la défense et de la gestion participative d’une source du Kou, rivière de Bobo (dans la logique de nos contrats de rivière).
- Evelyne et Claude investiguent la filière des huiles de vidanges des deux-roues motorisés, principal moyen de transport à Bobo.
- Ben Idriss et Julien travaillent sur l’installation d’un cadastre énergétique d’un bâtiment communal; isolation, bonne utilisation de la climatisation et des ventilateurs sont les thématiques à approfondir.
- Jacqueline et Éric se concentrent sur les déchets solides ménagers. Le but est de créer une filière officielle de tri ménager dans le but d’améliorer le cadre de vie des populations, mais aussi de proposer une source de revenus à une population vulnérable.
- Marie-Christine et Jonas font la promotion de l’éco-citoyenneté dans les écoles: « Un cadre sain pour un élève sain ». Il s’agit donc ici de réunir tous les acteurs de l’école (professeurs, administration, parents, monde associatif…) afin de mettre en place un processus participatif quant aux décisions du projet pédagogique de l’école.
- Valérie et Casimir planchent sur une stratégie de verdissement des espaces publics et d’appropriation par les usagers.
- Mayliss et Alain sont en contact avec les populations riveraines et travaillent sur leur implication dans la gestion participative des berges du cours d’eau Houet.
- Madi et Arnaud se questionnent sur la gestion des boues de vidanges des excrétas (ensemble des déchets issus de l’alimentation et du métabolisme et que le corps rejette). Leur travail aborde la sensibilisation de la population à la bonne utilisation des latrines ainsi qu’une approche technique afin d’apporter aux vidangeurs un outil de travail les respectant.
Suite du projet
La prochaine mission aura lieu début 2020 en vue de concrétiser et finaliser les 8 projets identifiés.
Ce fut très instructif et productif pour nous. Ce que je retiens du Burkina, c’est sa chaleur humaine, une solidarité à toute épreuve. Un pays de contrastes; avec une verdure très présente dans la ville qui cohabite avec de nombreux plastiques.
Arnaud, Eco-conseiller – candidat Eco-coopérant
Infos/contact: Valérie Claes, Chargée de mission formations internationales